Derrière chaque métier d’art se cache un artiste qui ne cesse d’exprimer son savoir-faire jour après jour. La restauration d’ouvrages anciens fait partie de ces métiers d’exception, hors du temps, qui perdurent aujourd’hui. Chaque pièce requiert une attention particulière de la part de l’artisan qui la restaure de façon inégalable. Ces ouvrages font converger histoire et technique, les rendant uniques.
Nous avons eu la chance de plonger dans cet univers singulier en allant à la rencontre de Marie-Isabelle et Jacques Bouville, deux artisans de l’atelier Garric-Bouville situé dans le centre de Toulouse.
Spécialisé en restauration d’ouvrages anciens, reliure et dorure, cet atelier est créé par Jacqueline Garric et Julien Bouville en 1938. Depuis sa plus tendre enfance, Jacques Bouville est baigné dans l’atmosphère de ce métier particulier. Il reprend l’entreprise familiale en 1971, faisant ainsi perdurer le savoir-faire qui lui a été transmis.
De son côté, Marie Isabelle Bouville se destine d’abord à un avenir dans l’histoire de l’art, mais se passionne finalement pour ce domaine si singulier. Cet attrait lui permet aujourd’hui de faire de sa passion son métier.
Cet atelier se distingue par l’excellence du savoir-faire de ses artisans ainsi que leur souci du détail. Selon eux, ce métier leur a permis non seulement de s’ouvrir au monde mais également de faire venir le monde à eux. Ils découvrent chaque jour de nouveaux ouvrages radicalement différents les uns des autres mais derrière lesquels se cache une histoire passionnante qui s’est construite au fil des années. Des histoires personnelles et particulièrement émouvantes, qui leur permettent de se réancrer dans la réalité.
Ce métier en perpétuelle évolution demande de la curiosité et de l’évolution, au même rythme que les nouvelles techniques qui voient le jour, afin de constamment viser plus haut.
Atteindre l’excellence implique de devoir quotidiennement faire face à un défi majeur notamment en reliure. Il s’agit d’être à la fois moderne mais aussi extrêmement classique pour ne pas effacer l’aspect historique de l’ouvrage. Également, il est essentiel d’attirer l’attention, tout en restant sobre et pertinent. L’excellence de leur travail réside dans le parfait équilibre entre les deux. « Il est facile de se perdre et de tomber dans l’effet de mode » indique Marie-Isabelle Bouville. Pour cette raison, savoir trouver le juste milieu est indispensable.
Aujourd’hui, la restauration de livres anciens joue un rôle clé dans la transmission du patrimoine culturel. Plus le monde devient virtuel, plus nombreux sont ceux qui ressentent le besoin de s’attacher à leurs livres physiques. Par ce biais, restaurer ces ouvrages, auxquels certains tiennent tant est un moyen de véhiculer un réel héritage culturel. C’est d’ailleurs pour cette raison que les deux artisans font le choix de restaurer les ouvrages quels qu’ils soient. Ils jouent donc eux même un rôle nécessaire et représentent un corps de métier qui doit perdurer.
Pour restaurer ces ouvrages, Marie-Isabelle et Jacques doivent impérativement adapter leurs techniques à chacun. Ils privilégient de plus en plus les restaurations moins intrusives qui ont pour objectif de combler les manques. Il s’agit de conserver l’existant et de rendre sa cohérence à une œuvre afin qu’elle soit de nouveau lisible. Pour ces raisons, utiliser des peaux naturelles, des papier et cartons avec un pH neutre ainsi qu’une colle d’amidon sont des éléments importants. Cela permet également de faire en sorte que le travail réalisé sur un ouvrage respecte son histoire et son authenticité. Ils s’attachent réellement à travailler sur ce qui ne reste pas en l’état. Le secret est de ne pas être trop intrusif. Ces années d’expérience leur ont permis à tous les deux de pouvoir maîtriser cet aspect et l’ajouter à l’excellence de leur savoir-faire.
Au cours de ces nombreuses années d’expériences, ils ont pu travailler sur des projets particulièrement touchants, ce qui leur permet aujourd’hui d’affirmer que la restauration de petit patrimoine familial est ce qui les anime le plus. Parfois, l’histoire vient elle-même à eux et c’est cet aspect qui rend ce métier intéressant. Cependant, Marie-Isabelle a quelques aspirations différentes. Elle aimerait pouvoir participer à de plus gros projets de restauration tels que la restauration de certains livres de la bibliothèque du Général De Gaulle.
A l’avenir, les deux artisans aimeraient continuer à développer leur activité en axant leur travail sur la reliure d’art. Un avenir très prometteur dans lequel l’excellence de leur savoir-faire saura les accompagner.